Elaine Sellwood, géologue, cherche à déterminer la période d’occupation d’un site archéologique grâce à la datation par luminescence
Elaine Sellwood est une géologue qui s’intéresse aux adaptations des sociétés humaines à un environnement en mutation rapide en étudiant un site archéologique grâce à la datation par luminescence. Elle a débuté son projet FACT en novembre 2023 à l’Université de Rennes au laboratoire Géosciences Rennes.
[BIENVENUE Team] : Bonjour Elaine, quel est votre parcours ?
J’ai commencé à étudier la géologie à l’université et je suis totalement tombée amoureuse de ce sujet. Je trouvais passionnant de pouvoir observer des paysages et des minéraux magnifiques et de comprendre d’où ils venaient. Et bien sûr, le fait de pouvoir sortir sur le terrain était la cerise sur le gâteau. Après cette introduction, j’ai donc étudié la géologie à l’université de Leicester. J’ai ensuite étudié les sciences de l’environnement à l’université de Wageningen, aux Pays-Bas, où j’ai suivi un cours sur les méthodes de datation utilisées en sciences naturelles. J’y ai découvert la méthode de datation par luminescence des sédiments des roches. J’ai réalisé mon mémoire de maîtrise en essayant d’utiliser la datation par luminescence d’échantillons de basalte (cela n’a pas fonctionné, au cas où cela vous intéresserait) parallèlement à des mesures de paléomagnétisme. J’ai ensuite été invitée au Danemark par mon directeur de thèse, où j’ai travaillé sur un autre projet étonnant, en essayant de développer des méthodes de luminescence pour déterminer le moment où un glacier a fondu dans une vallée alpine. J’ai ensuite obtenu mon doctorat dans le cadre duquel j’ai développé un nouvel instrument d’imagerie de la luminescence des roches et travaillé sur une méthode relativement nouvelle de datation des âges d’exposition et d’enfouissement des roches et des surfaces rocheuses.
[BIENVENUE Team] : Pourquoi avoir choisi de faire de la recherche scientifique ?
Outre le fait que je trouve la géologie et l’histoire de la Terre incroyablement fascinantes, j’ai réalisé au cours de ma thèse de master que la recherche était exactement le type d’éducation que je ne savais pas que je cherchais. Faire partie d’un projet avec d’autres personnes passionnées, être capables de découvrir et de de répondre à mes propres questions, découvrir de nouveaux sujets et utiliser de nouveaux types d’instruments et d’outils, et en général apprendre d’une manière plus pratique, tout cela était incroyablement motivant et agréable.
[BIENVENUE Team] : Quel est le sujet de votre projet FACT ?
Je travaille sur un site dans le sud-ouest de la France, près de la petite ville de Jonzac, qui est une ancienne carrière. Les couches sédimentaires sont remplies d’ossements d’animaux et d’un type spécifique d’outils en pierre de l’industrie moustérienne de Quina (~ 60 – 70 BP dans le sud-ouest de la France) qui sont associés aux Néandertaliens. Ce site est considéré comme un site de boucherie néandertalienne et marque un moment où les fluctuations climatiques ont forcé les Néandertaliens à pratiquer une chasse plus saisonnière dans des environnements ouverts, au lieu d’une chasse opportuniste dans les forêts tempérées. Je vais essayer d’utiliser la datation par luminescence à haute résolution d’une section de ce site pour tenter de déterminer la date d’occupation de ce site. J’utiliserai également mes ensembles de données pour tester et aider à développer un logiciel de statistique bayésiennes conçu pour analyser les âges de luminescence, afin de minimiser les incertitudes liées à l’âge.
[BIENVENUE Team] : Pourquoi avoir choisi de mener votre projet au sein du laboratoire Géosciences Rennes ?
Je me suis retrouvée à l’Université de Renne parce que, pendant mon doctorat, j’ai eu la chance de rencontrer un chercheur (Guillaume Guérin) qui était en train de créer son propre laboratoire de luminescence (RenDaL), ici à Rennes. Il travaillait (et travaille) sur un projet plus vaste financé par l’ERC, le projet Quina World, dans le cadre duquel différents sites en France et en Espagne ont été découvert avec des outils en pierre provenant de l’industrie du Quina. Plus il me parlait du projet, plus j’étais intéressée, et après avoir passé un certain temps dans l’industrie après mon doctorat, j’ai réalisé à quel point la recherche me manquait. Nous avons donc décidé ensemble de demander un financement pour voir si je pouvais venir travailler sur le projet, et nous y voilà ! J’ai eu la chance de recevoir un financement et d’avoir maintenant accès à un laboratoire de luminescence flambant neuf où je peux contribuer à un projet fascinant.
Merci Elaine !