Lucia Rodriguez Loureiro, une épidémiologiste sociale et environnementale, décryptant l’association entre l’environnement urbain et la santé cardio-métabolique
Dr Lucia Rodriguez Loureiro est une épidémiologiste sociale et environnementale. Elle a débuté en janvier 2023 son projet de recherche CARDIOPOLIS (Effets cardiovasculaires et métaboliques de l’exposition à long terme à la pollution atmosphérique et aux espaces verts : analyse longitudinale de la cohorte française CONSTANCES) au sein du laboratoire IREST (Université de Rennes).
BIENVENÜE Team : Bonjour Lucia, quel est votre parcours ?
Au cours de mon master en santé publique à l’université Pompeu Fabra de Barcelone, je me suis beaucoup intéressée aux déterminants structurels de la santé. J’étais curieuse de savoir comment votre code postal, l’endroit où vous vivez, pouvait avoir un impact significatif sur votre santé (encore plus que la génétique !).
Ensuite, au cours de mon doctorat à la Vrije Universiteit de Bruxelles, j’ai travaillé sur la manière dont le fait de résider à proximité d’espaces verts peut avoir une incidence sur la santé et la mortalité en Belgique. Vivre dans des quartiers plus verts peut améliorer le bien-être psychologique des citadins et réduire le stress, encourager l’activité physique et renforcer la cohésion sociale, ainsi qu’atténuer les risques environnementaux, tels que la pollution de l’air ou les températures extrêmes. J’ai constaté que le fait de vivre dans des zones plus vertes semblait réduire le risque de mortalité liée à plusieurs maladies, notamment le diabète, la démence ou le cancer du sein. J’ai également examiné comment l’association avec la santé pouvait varier en fonction de l’âge, de la classe sociale et du sexe. D’une manière générale j’ai constaté que l’effet bénéfique des espaces verts résidentiels était plus important chez les femmes et les personnes ayant une faible situation socio-économique. Ces groupes sociodémographiques peuvent dépendre davantage des ressources disponibles dans leur environnement immédiat pour rester en bonne santé.
En quoi consiste le projet CARDIOPOLIS ?
Je poursuivrai mes travaux sur les déterminants sociaux et environnementaux de la santé. Je vais étudier les données longitudinales de la cohorte Constances, qui contient des informations détaillées sur la santé et la socio-démographie d’environ deux cent mille adultes travaillant en France et qui sont suivis chaque année depuis 2012.
Je souhaite pouvoir, au cours des deux prochaines années, mieux comprendre l’association entre l’environnement urbain (pollution de l’air et espaces verts) et les maladies cardiovasculaires à l’âge adulte. En particulier, je souhaite étudier les effets du carbone noir (un composant de la pollution atmosphérique liée à la combustion) sur l’hypertension et le diabète. Je souhaite également comprendre comment les espaces verts peuvent améliorer la santé cardio-métabolique, en quantifiant le rôle des mécanismes potentiels impliqués (par exemple, l’atténuation de la pollution atmosphérique). Je mettrai en outre l’accent sur le rôle des facteurs sociaux dans l’élaboration de ces relations.
Avec l’urbanisation croissante dans le monde, les gens sont davantage exposés à la pollution, tandis que l’accès aux environnements naturels est réduit. En outre, les effets du changement climatique sur la santé seront bien pires dans les villes non adaptées. Je pense que si nous comprenons mieux quels environnements urbains contribuent à la santé et au bien-être des habitants, nous pourrons déclencher des changements dans les villes pour les rendre plus vivables.
Pourquoi avoir choisi le laboratoire IRSET pour mener à bien ce projet de recherche ?
La France est l’un des pays leaders dans ma thématique. Je voulais également retourner dans un groupe de recherche axé sur l’épidémiologie, car le groupe de recherche de mon doctorat en Belgique était plus orienté vers la sociologie. Le laboratoire de l’IRSET est une très bonne option. Il me permettra également de participer à plusieurs collaborations, dont un projet H2020 « LongItTools » et avec le Swiss Tropical and Public Health Institute.
Avez-vous des recommandations à faire aux personnes désireuses d’en apprendre plus sur votre domaine de recherche ?
Je vous recommande ce court extrait du projet LongITools, qui donne un aperçu de l’interaction entre l’environnement de vie et la santé, et plus particulièrement la santé cardiovasculaire.
Merci Lucia !