Soizic Garaud, immunologiste, travaille sur l’identification de biomarqueurs prédictifs des effets secondaires aux immunothérapies
Dr Soizic Garaud est une immunologiste travaillant à la croisée des maladies auto-immunes et de l’oncologie. Elle a débuté en janvier 2022 le projet ICIIT au laboratoire LBAI, à l’Université de Bretagne Occidentale.
[équipe BIENVENÜE] : Bonjour Soizic, comment êtes-vous venue à travailler sur votre objet de recherche ?
[Dr Soizic Garaud] J’ai fait des études de biologie à Rennes, puis j’ai rejoint pour mon doctorat le laboratoire Lymphocytes B, Autoimmunité et Immunothérapies (LBAI) à Brest. J’ai travaillé sur les maladies auto-immunes, en m’intéressant au rôle et à l’implication des lymphocytes B dans leur apparition. Les lymphocytes B sont des globules blancs, ayant un rôle important dans le système immunitaire et la création d’anticorps.
J’ai ensuite rejoint l’Institut Jules Bordet, un centre intégré du cancer, à Bruxelles pour travailler en immuno-oncologie. C’est une discipline nouvelle consacrée à des recherches sur l’implication du système immunitaire dans les cancers. J’ai pu participé au développement de nouvelles connaissances dont la contribution des lymphocytes B dans la réponse anti-tumorale dans le cancer du sein. Mieux en comprendre les mécanismes a permis l’élaboration de nouvelles thérapies, dites immunothérapies, qui ont révolutionné le domaine de l’oncologie médicale.
Sur quoi allez-vous travailler lors du projet IICIT ?
Parmi ces immunothérapies, il y a des traitements par inhibiteurs de point de contrôle immunitaire, c’est-à-dire des traitements bloquant l’action des ces points de contrôles que certaines cellules cancéreuses utilisent pour se protéger des attaques du système immunitaire. Si cette approche thérapeutique a redonnée espoir aux patients atteints de cancer avancé, une majorité d’entre eux développent des effets secondaires dont certains de grade sévère et dans de rare cas mortels . Dans le projet IICIT, je vais chercher à comprendre les mécanismes derrière ces effets secondaires, qui sont similaires à des maladies auto-immunes.
Pour ce faire, je vais étudier de manière approfondies les cellules immunitaires afin d’identifier des biomarqueurs, c’est-à-dire des caractéristiques spécifiques liées aux effets secondaires. Mes premières analyses seront effectuées sur des échantillons issus de mon travail à l’Institut Jules Bordet. Une fois ces biomarqueurs identifiés, il me faudra les valider sur un plus grand échantillon pour m’assurer de leur robustesse grâce au développement d’une étude clinique prospective au CHRU de Brest. Cette phase se poursuivra au-delà des 24 mois du projet IICIT.
Pourquoi avez-vous choisi de réaliser ce projet au LBAI ?
D’abord, le laboratoire possède une expertise mondialement reconnue sur l’auto-immunité, et je peux en bénéficier pour mes travaux en échangeant avec mes collègues. J’ai également accès à des technologies de pointe pour mener mes expériences, comme la plateforme de cytométrie de masse Hyperion à Brest.
Depuis mon arrivée je bénéficie également du soutien des oncologues du CHRU de Brest. Ils n’ont pour le moment pas d’outil de diagnostic afin d’anticiper les effets secondaires des immunothérapies et sont très intéressés par mes futurs résultats. A long-terme, mes résultats pourraient leur permettre d’identifier les patients à risque de développer des effets secondaires et d’anticiper un meilleur suivi de ceux-ci. Cela offrirait aux patients une meilleure qualité de vie pendant le traitement.
Avez-vous une recommandation pour le lecteur curieux d’en savoir plus ?
Pour tous les esprits curieux, enfant ou adulte, je recommande cette vidéo en français : « L’immunothérapie de mon cancer » ou encore une vidéo en anglais « Immune Checpoint Inhibitors ».
Merci Soizic !