« Pitcher ? Pas aussi facile que ça en a l’air ! » Retours sur la formation de l’AMI Emergence
Les participants de la formation AMI Emergence, dont Daniel (quatrième depuis la gauche) et James (sixième depuis la gauche)
Les chercheurs BIENVENÜE James Behan et Daniel Manzoni de Almeida ont participé ces dernières semaines à une formation AMI Emergence. Organisée par la société de valorisation SATT Ouest Valorisation et les technopoles bretons, la formation visait à faire émerger des opportunités d’innovation issues des travaux de recherche et à accompagner les chercheurs bretons dans une démarche entrepreneuriale. James et Daniel partagent leurs impressions et ce qu’ils retiennent de cette formation.
Pouvez-nous décrire ce qu’était cette formation en quelques mots ?
James : Nous avons travaillé sur les façons d’exploiter et promouvoir nos travaux dans une perspective entrepreuneuriale, à comment approcher nos travaux et comment la présenter à des clients potentiels.
Daniel : En tant que chercheur, j’ai surtout été formé pour le moment à comment mener mes recherches. Ici, l’objectif était différent : comment appréhender mes travaux comme une opportunité commerciale ?
James : La formation a eu lieu pendant plusieurs jours sur plusieurs semaines, à la fois en ligne et en physique à Brest et à Rennes. Nous étions un tout petit groupe. Cela a permis de participer à des séances pratiques avec beaucoup de temps pour présenter ses idées et recevoir des retours. Cela était en français, et j’ai pu comprendre les séances et même faire mon dernier pitch en français. Daniel a pu faire le sien en anglais.
Pourquoi avez-vous décidé de participer à cette formation ?
James : je souhaitais me former à communiquer à une audience hors du monde scientifique. Cela était une bonne opportunité pour le faire, car il y avait des participants en dehors de ma discipline (chimie), mais aussi des intervenants des technopoles et des autorités locales lors de mon dernier pitch.
Daniel : je voulais développer mes compétences en entrepreuneuriat, comment envisager mes recherches d’un point de vue business, et comment fonctionne une entreprise. Dans mon domaine (sciences de l’éducation), les opportunités de valorisation ne sont pas aussi évidentes que pour d’autres domaines. Nous devons quand même réfléchir à la façon dont nos travaux peuvent avoir de la valeur.
Quelle est la chose la plus importante que vous retenez de cette formation ?
James : L’entraînement à donner un pitch. Nous avons pitché, en enregistrement et regardant ensuite nos performances, en cherchant nos erreurs. Ce n’était pas l’expérience la plus agréable en un certain sens, mais cela était extrêmement utile. Cela m’a amené à penser aux mots à utiliser selon le public, et à quel point c’est important de connaître son public. Il y a tout un vocabulaire partagé dans la discipline, mais que le grand public ne connaît pas. Il faut s’en souvenir.
Daniel : La chose la plus importante que je retiens est le changement dans la façon de réfléchir à une idée. Dans le monde de la recherche, nous réfléchissons avec l’idée sous-jacente de répondre à notre question de recherche. En tant qu’entrepreuneur, il faut se demander : comment améliorer mon idée pour qu’elle soit profitable ? Cela a ouvert mon esprit.
Qu’est-ce qui vous a surpris durant la formation ?
James : C’est un conseil donné par le coordinateur de la SATT Ouest Valorisation : cherchez conseil par téléphone plutôt que lors d’un rendez-vous physique. Prendre le temps pour un rendez-vous ou écrire un long email peut être en fait fastidieux, alors que par téléphone c’est facile, il suffit de parler ! Les gens peuvent donner ainsi plus d’informations. Je dois encore mettre ce conseil en pratique…
Daniel : Avoir une communication impactante, comme un pitch, est un exercice vraiment difficile. Vous voulez convaincre quelqu’un, et vraiment le faire dans le temps imparti. Lorsque vous regardez des gens pitcher sur YouTube cela a l’air vraiment facile, mais le faire, c’est quelque chose d’autre. Vous devez choisir les bons mots, créer un lien avec votre public, faire attention à votre communication corporelle… C’est beaucoup en trois minutes !
Comment pensez-vous réutiliser cette formation à l’avenir ?
James : Il y a une réunion de suivi de prévue avec la SATT Ouest Valorisation. Je ne suis pas certain encore de comment je vais réutiliser la formation. Je suis actuellement dans la phase de laboratoire de mon projet de recherche. Si c’est possible, j’aimerais avoir un lien dans le futur avec une entreprise ou avec la SATT, pour déposer un brevet et/ou avoir un usage commercial de mes résultats. A long terme, je vais certainement réutiliser les compétences acquises, en particulier tout ce qui est autour de la communication auprès du grand public.
Daniel : Je rejoins la position de James. Mon but principal est d’abord de mener mes recherches, et de les faire de manière robuste. Je dois encore mûrir mes idées pour proposer un service. Dans l’ensemble, je vais utiliser cette nouvelle vision pour penser hors des sentiers battus. Cette formation m’a permis de développer mon réseau et de nouvelles collaborations.
Nous travaillons avec James actuellement à un projet en sciences de l’éducation. La dissémination et la communication des connaissances scientifiques que nous produisons nous est très important. Une manière de disséminer le savoir pour un chercheur est de créer des séquences pédagogiques innovantes sur ses thématiques de travail afin d’intéresser le jeune public. James et moi avons commencé à développer un projet commun autour de la chimie pour des séquences destinées à l’école élémentaire. Au-delà de la communication scientifique, c’est un projet important pour la formation de futurs enseignants, afin de toucher des élèves du monde entier. Je suis ouvert à d’autres collaborations de chercheurs et de chercheuses du programme BIENVENÜE qui souhaitent transformer leurs connaissances scientifiques en des leçons pédagogiques ludiques et inspirantes pour les élèves.
A propos de leurs projets de recherche BIENVENÜE
James, un chimiste, travaille sur des matériaux fournissant une électrocatalyse plus verte au laboratoire ISCR à l’Université de Rennes 1.
Daniel, un chercheur avec une formation interdisciplinaire, travaille sur un projet mêlant la didactique des sciences et la vaccination au laboratoire CREAD à l’Université de Bretagne-Occidentale.