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Lorraine Tual, géologue, travaille sur la datation des minéraux en Finistère

- Published on 20/09/23

Dr Lorraine Tual est une géologue s’intéressant à la datation des minéraux de montagnes aujourd’hui disparues. Elle a commencé en janvier le projet ARMORICA au laboratoire LGOUniversité de Bretagne- Occidentale.

[Team BIENVENÜE] Bonjour Lorraine, comment êtes-vous venue à la géologie ?

Je viens de Crozon, dans le Finistère, qui est une presqu’île à la richesse géoglogique incroyable. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles l’endroit est classé et protégé dans le cadre du Parc naturel régional d’Armorique. J’ai toujours aimé regarder les roches et profiter de la nature. A l’université, j’ai étudié la biologie puis la géologie avec des gens passionnés.

Ensuite, je suis partie à l’aventure pour ma thèse en Suède. J’ai travaillé sur la façon dont les montagnes se forment. Les différentes roches, dans leurs minéraux, peuvent enregistrer la façon dont elles ont été déformées, les changements de pressions, leur réarrangement… Ce sont comme des capsules temporelles. J’ai travaillé sur une chaîne de montagnes aujourd’hui disparues au sud de la Suède, datant de plus d’un milliard d’années. Après ma thèse, je suis allée au Canada pour me spécialiser sur le grenat. C’est une famille de minéraux très difficile à dater, mais qui donne des informations uniques quand on y arrive. J’ai développé et affiné justement une méthode de datation.

Sur quoi allez-vous travailler lors du projet ARMORICA ?

Mon sujet va être la chaine de montagne datant qu’il y a 350 millions d’années qui est à l’origine de la Bretagne mais également d’une partie de l’Europe Occidentale actuelle : la chaîne varisque. A l’époque, c’était aussi haut que l’Himalaya d’aujourd’hui ! Le Finistère a un intérêt particulier, car il est à la croisée des continents qui formaient cette chaîne de montagnes. On y trouve encore des preuves, avec des affleurements de roches dites de haute-pression qui ont tout enregistré en pays léonard et près d’Audierne.

Mon but va être de retracer, à partir de l’étude de ces roches, les mouvements qu’elles ont enregistré et de les relier au reste des données que les géologues ont déjà récolté du Portugal à la Pologne. J’espère qu’avec l’utilisation de ma méthode, mes données pourront être plus précises et plus robustes, et donc donner de meilleures informations.

Pourquoi est-ce important de connaître ces mouvements de ces roches et ces montagnes ?

Il reste toujours des traces de ces anciens continents qui se croisaient en Bretagne dans la croûte terrestre, c’est-à-dire de nombreuses failles. Celles-ci entrainent aujourd’hui une activité sismique, qui reste très modérée en Bretagne. C’est tout de même important de mieux les connaître et les cartographier pour pouvoir les prendre en compte lors de l’aménagement du territoire et la protection du littoral.

Votre projet comporte également un fort travail vers la société. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Une partie de mon projet concerne une collaboration avec le Parc naturel régional d’Armorique autour du label UNESCO Geoparc. Je vais participer à des activités valorisant le Geoparc et sensibilisant à la protection des roches. J’aimerai aussi pouvoir sensibiliser à la protection des deux affleurements que je mentionnais précédemment, et qui ne sont pas dans le périmètre du géoparc.

Avez-vous une recommandation pour le lecteur curieux d’aller plus loin ?

Si vous êtes intéressé par la géologie, allez d’abord sur le site web du Parc Natural régional d’Armorique qui regorge d’informations vers le grand public. L’Union internationale des sciences géologiques a aussi développé un site web et une application mobile – Outcropedia – où chacun peut ajouter et géolocaliser des affleurements rocheux.

Enfin, les géologues du monde entier partagent leur travail de manière accessible sur le site traveling geologist (en anglais). J’y ai d’ailleurs ajouté ma pierre il y a quelques années.

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