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Marine Landa, chercheuse en écologie microbienne, travaille sur une bactérie tueuse d’algues

- Published on 04/02/22

Dr Marine Landa est une chercheuse en microbiologie marine. Elle a débuté son projet « DISKORDIA » à la Station Biologique de Roscoff début janvier 2022.

[Team BIENVENÜE] Bonjour Marine, pouvez-vous nous dire d’où est né votre intérêt pour votre sujet de recherche ?

[Dr Marine Landa] En première année de Master, j’ai découvert par hasard l’écologie microbienne : quels microbes sont présents sur notre planète et que font-ils? lls ont un rôle environnemental très important : ils sont responsables de beaucoup de transformations chimiques  qui influencent les cycles des éléments, comme par exemple celui du carbone qui est au cœur du problème du changement climatique global.  J’ai décidé de m’y intéresser de plus près.

Lors de mon premier post-doctorat, à l’Université de Géorgie aux Etats-Unis, j’ai travaillé sur les interactions entre les bactéries et le phytoplancton dans le milieu marin, et sur les composés que ces microbes échangent pour se nourrir. Ma méthode consistait à observer les gènes exprimés, pour obtenir des informations sur le comportement des organismes. Lors de ces travaux j’ai constaté que les bactéries communiquent et analysent leur environnement, et agissent en fonction des signaux qu’elles perçoivent. Ce sont des capacités complexes pour des organismes unicellullaires.

Sur quoi porte le projet DISKORDIA ?

Lors de ce projet, je vais étudier les interactions entre une bactérie, Kordia, et le phytoplankton (microalgues). Cette bactérie a pour particularité de pouvoir tuer le phytoplancton. Or, celui-ci est le premier maillon de la chaine alimentaire : l’influence de cette bactérie peut donc être énorme ! Je cherche à comprendre plusieurs choses : comment et dans quelles conditions la bactérie va tuer le phytoplancton ? Pour ce faire, je vais travailler en conditions simplifiées en laboratoire. Je vais jouer sur les conditions expérimentales pour identifier les gènes responsables de ce comportement.

Pourquoi réaliser ce projet à la Station Biologique de Roscoff ?

La Station, qui fête cette année ses 150 ans, possède une grande collection de microalgues et une grande expertise dans le maintien en vie des cultures de microorganismes. C’est également une institution renommée pour la qualité de ses recherches sur le phytoplankton. Cet environnement est idéal pour mener mes expériences.

Quelles sont les applications possibles de votre projet, à moyen ou long-terme ?

La croissance rapide des algues – aussi appelée efflorescence – en mer est un sujet important pour la Bretagne. Cela a plusieurs causes : la pollution, mais aussi le réchauffement de l’eau. Mon travail ne porte pas sur les algues responsables des marées vertes, mais certaines microalgues sont toxiques pour les coquillages, les huîtres… et les humains qui les consomment ! A cause du changement climatique, ces espèces devraient être plus présentes en Bretagne dans les décennies à venir. Mon travail pourra aider à préserver les activités d’aquaculture, et plus largement, l’équilibre fragile des milieux marins.

Auriez-vous des recommandations pour le lecteur curieux d’en apprendre plus ?

Je propose d’abord un extrait du film Planet Ocean  (en français) réalisé par Yann Arthus-Bertrand et Michael Pitiot, qui explique bien comment et pourquoi tous ces microorganismes marins sont à la base de la vie sur Terre.

Il y a également cette vidéo de la biologiste marine Tierney Thys sur la vie secrète du plancton (en anglais sous-titré français).

Enfin, le livre de Christian Sardet « Plancton : aux origines du vivant » propose de magnifiques photos.

Merci Marine !

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